"Liverpool, c’est plus que du football, c’est une institution"
Les supporters des Reds font d’Anfield un lieu mythique.
- Publié le 23-05-2018 à 11h17
Les supporters des Reds font d’Anfield un lieu mythique.
"Liverpool a gardé son âme." Avec cette déclaration, Mikael Roufosse, membre actif du Fan Club Liverpool Belgium situé à Liège, résume toute la ferveur qui peut entourer le club résident du mythique Anfield Road. Lui qui est né à quelques kilomètres de la ville chère à Steven Gerrard a le cœur qui bat pour ses Reds. En quelques mots, il nous explique pourquoi le club entraîné par Jürgen Klopp est différent des autres équipes de la Perfide Albion : "Je vais encore régulièrement à Anfield, souvent en décembre, pour supporter l’équipe. C’est un club à part en Angleterre, et même en Europe. Pourquoi ? Dans tous les clubs, surtout en Angleterre, le football business s’est installé, c’est devenu propre et lisse, ce n’est plus ce que c’était dans les années 90. Je suis allé dernièrement à Manchester United, il n’y avait pas d’ambiance, il y avait beaucoup de touristes. À Anfield, quand le kop prend son envol, c’est unique, que ce soit en Angleterre ou en Europe. Il n’y a pas d’autres clubs avec autant de passion sur le Vieux Continent ."En parlant d’Europe , cette finale de Ligue des Champions contre le Real Madrid approche à grands pas. Ces dernières années, que ce soit avec Gérard Houillier ou Rafa Bénitez, les Reds se sont fait un malin plaisir de glaner des titres européens. Tout le monde a encore en mémoire la fabuleuse victoire contre le Milan AC en 2005 (3-3, victoire aux tirs au but), quatre ans après une victoire en Europa League contre Alavès (5-4, grâce à un but en or).
On peut aussi parler de deux finales perdues, une en C1 contre l’AC Milan en 2007 et l’autre en C3 face au FC Séville d’Emery en 2016. "C’est en Europe que le club s’exprime le mieux; je pense que nous sommes une vraie équipe de Coupe. Tout le monde se transcende lors de ces compétitions, y compris les supporters. Je vais même dire qu’à un moment donné dans la saison, tout le monde comprend qu’il va se passer quelque chose : la ferveur monte, les supporters créent de nouveaux chants, il y a de l’osmose et nous allons loin dans la compétition. Liverpool, c’est un club et un public. Nous sommes capables de tout. J’espère juste ne pas vivre une finale comme celle de Marseille; je ne veux pas perdre sans combattre."
Nous avons aussi pu vérifier auprès d’un membre des Flemish Reds (club de supporters des Reds du Nord du pays), qui a souhaité garder l’anonymat, que cette ferveur et cette passion débordaient du cadre du football. Pour les plus fanatiques supporters des Reds, il y a des mots à ne pas prononcer en leur présence : "S’il y a bien une chose qu’il ne faut pas me dire, c’est que ce n’est qu’un jeu, qu’un match ou que du football. Quand un match se termine, je peux être heureux, en colère, frustré. Je peux aussi avoir de la haine envers des adversaires, alors quand ma femme, mes parents ou mes amis me disent que ça va passer et que ce n’est que du football, j’ai juste envie de leur dire qu’ils n’ont rien compris. Liverpool, c’est notre passion. Anfield, c’est notre maison. Les deux ensemble forment une institution qui est au-delà du football. Les joueurs, entraîneurs et dirigeants du club, je les considère comme ma famille. Je suis supporter du club depuis toujours, j’ai connu des moments de gloire comme la finale d’Istanbul, mais aussi des moments plus compliqués comme la glissade de Gerrard."
Sans s’arrêter , il laisse parler ses émotions de fan de la première heure : "Cependant, je suis toujours resté l’un des plus grands supporters du club. Le football peut transformer ton ami en ennemi pendant 90 minutes, c’est un cocktail d’émotions. Il y a de la nervosité, de l’excitation, on passe de la tristesse à la joie en quelques secondes. Tout cela est décuplé avec Liverpool. Quand j’enfile mon maillot, je ne suis plus le même. Je me sens acteur de l’équipe. Lorsque j’ai la chance de me rendre au stade pour les supporter, je partage ma passion, je veux la transmettre et emmener l’équipe vers la victoire."
Il ne peut évidemment pas omettre de parler de ce qui fait la fierté de tout un peuple : "Quand je vais à Anfield et que je peux chanter le ‘You’ll Never Walk Alone’ , je suis ailleurs. Les Reds coulent dans mes veines. Liverpool, c’est de la passion, de la fierté, et croyez-moi, ce n’est pas juste un match."
"Assister à la finale ? C’est beaucoup trop cher"
Les supporters qui ont pu acheter des tickets pour la finale s’arrachent les cheveux.
Quoi de plus beau pour un supporter que de pouvoir assister à une finale européenne disputée par son équipe fétiche ? Seulement, l’organisation de cette finale de Ligue des Champions 2018 a été confiée à la ville de Kiev, et le moins que l’on puisse dire, c’est que les fans espagnols et anglais s’arrachent les cheveux. Entre le prix des vols et celui des hôtels, certains ont revendu leurs tickets en désespoir de cause.
Une fois le précieux sésame obtenu, un vol devient indispensable pour rejoindre la capitale de l’Ukraine, et c’est là qu’intervient le premier problème. L’aéroport de Kiev est saturé et très peu d’avions se rendent à cette destination. L’afflux de supporters venus de l’Europe entière semble dès lors compliqué à gérer.
Ensuite, les hôteliers ont su saisir la balle au bond, parfois d’une façon pas très correcte. The New York Times rapporte notamment qu’un supporter du Real a vu sa réservation annulée pour des raisons informatiques, sa chambre ayant été ensuite remise en vente cinq fois plus cher. Fort heureusement, certains ont pu compter sur une belle initiative mise en place par les habitants de Kiev : via une page Facebook, ils ont proposé d’héberger gratuitement les supporters qui n’auraient pas trouvé de chambre d’hôtel.
Pour toutes ces raisons, Mikael Roufosse a lui aussi dû renoncer à assister à ce grand moment pour son club, la mort dans l’âme. "Je n’irai pas à la finale. J’avais pourtant des tickets, mais après des jours et des jours de recherches intensives, j’ai dû renoncer. Il était pratiquement impossible de trouver une formule qui convenait financièrement. Soit les prix des vols étaient élevés, soit il fallait faire une ou deux escales dans des pays assez particuliers. Nous étions pourtant prêts à mettre 700 euros pour le vol. L’Ukraine, c’est compliqué; tous les pays ont le droit d’avoir le bonheur de pouvoir accueillir une finale de Ligue des Champions, mais c’est mal organisé. Au final, la meilleure formule que j’aie trouvée, c’était de rester cinq jours sur place, comme j’avais pu faire à Istanbul, mais pour des raisons familiales, j’ai renoncé. C’est clair que s’ils gagnent, je vais le regretter pendant longtemps, mais j’aurai au moins été présent à celle d’Istanbul."
"Benteke, Origi et Mignolet n’ont pas le niveau pour Liverpool"
Nos trois Diables Rouges ne se sont jamais imposés à Anfield.
Christian Benteke, Divock Origi et Simon Mignolet sont les trois seuls Belges à avoir porté le maillot de Liverpool. Le moins que l’on puisse écrire, c’est qu’ils n’ont jamais fait l’unanimité. Benteke ne s’est jamais imposé et a été vendu à Crystal Palace. Divock Origi a, lui, été prêté en Allemagne du côté de Wolfsburg, alors que Simon Mignolet a perdu son duel contre Loris Karius et est désormais sur le banc.
Trois situations d’échec qui trouvent une explication selon Mikael Roufosse : "Je m’excuse mais Benteke, Origi et Mignolet ne sont pas des joueurs du top . Si Liverpool avait transféré Hazard, De Bruyne ou Courtois, ils se seraient imposés. D’ailleurs, Benteke et Origi ne réussissent pas mieux ailleurs, c’est la preuve que le club ne s’est pas trompé. Christian est tout à fait capable de faire une saison exceptionnelle, du moins quand il est en confiance, mais à Anfield il avait perdu cette confiance. Klopp demande en plus que tous les joueurs soient capables de défendre et de presser, ce qu’il ne sait pas faire."
Et de continuer en parlant de Simon Mignolet. Le Diable Rouge est arrivé chez les Reds en 2013, a souvent été critiqué, mais est toujours resté le gardien numéro 1 d’Anfield. Ça, c’était avant l’arrivée de Klopp, et surtout de Loris Karius : "Pour Simon, c’est dommage. Quand on regarde le championnat, il n’y a pas quinze bons gardiens en Angleterre. Il n’a pas été si mauvais, mais le problème c’est que Karius n’a pas pris un seul but sur une erreur individuelle. C’est vrai qu’il ne sort pas non plus d’arrêts incroyables, mais il a la jeunesse pour lui et Klopp a voulu parier sur l’avenir. En fait, Mignolet devrait jouer dans un club comme West Ham. Il est bon sur sa ligne mais il manque de personnalité. Je pense que des Belges peuvent réussir à Liverpool, mais pas eux : ils manquent de qualités."
Quant à Origi, arrivé sur la pointe des pieds chez les Reds un an avant l’Euro 2016 : "Divock est, lui, seulement prêté en Allemagne et il devrait revenir, mais franchement, je ne vois pas comment il pourrait prendre une place de titulaire. Je pense que le club va le vendre."